Italo Disco
La musique électronique made in Italie.
Le nom du genre est largement attribué à Bernhard Mikulski, le fondateur du label discographique allemand ZYX Music. L'appellation sert d'abord à commercialiser le style en dehors de l'Italie, avant de devenir un genre musical à part entière.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, il rencontre le succès dans les discothèques américaines, en particulier à Chicago et Détroit. Il se popularise significativement durant les années 1980 en Italie et dans le reste de l'Europe. Le genre atteint un pic de popularité entre 1983 et 1988 et disparaît vers 1989. Il a influencé d'autres styles de musique électronique, dont l'Italo house, l'Italo dance, l'Eurobeat ou l'Eurodance. L'Italo disco connaît un renouveau au cours des années 2000, avec la publication de plusieurs compilations dédiées au genre et à travers des artistes tels que Sally Shapiro.
Des sonorités propres au genre se retrouvent chez des groupes tels qu'Erasure, New Order ou les Pet Shop Boys.
Contrairement au disco « classique », l'Italo disco possède un son beaucoup plus électronique . Il est très proche stylistiquement de la hi-NRG, auquel il emprunte parfois des éléments , et présente des sonorités synthétiques similaires à la new wave. Selon l'ouvrage Made in Italy: Studies in Popular Music, l'Italo disco est une sorte de « transition entre les origines R&B/funky du disco et la tendance techno qui s'est développée dans la seconde moitié des années 1980 ».
Il est aussi décrit comme « une forme de disco très synthétique, digne héritier des grands titres de Giorgio Moroder » ou bien comme un « chaînon manquant entre le disco américain et la new-wave britannique ». Le genre est assez expérimental d'un point de vue technique, mais possède une sensibilité mélodique proche de la pop.
L'Italo disco connaît sa période de gloire entre 1983 et 1988. Des artistes tels que Savage, Tom Hooker, Silver Pozzoli, Albert One ou Ken Laszlo font leur apparition. La compilation Italo Boot Mix du label ZYX Music remporte un franc succès en Europe tandis que Hey Hey Guy de Ken Laszlo se vend dans les 100 000 exemplaires. I Like Chopin de Gazebo et Dolce Vita de Ryan Paris deviennent tous deux des tubes internationaux et connaissent le succès à travers toute l'Europe. I Like Chopin, qui se fait même connaître au Japon, est aussi l'un des deux plus gros tubes de l'été 1983 avec Vamos a la playa de Righeira. Il devient l'un des singles les plus vendus de 1983 en Italie et se vend à huit millions d'exemplaires à travers le monde. Le titre est immédiatement repris par d'autres artistes, qui désirent eux aussi connaître le succès. L'album Gazebo et le single Lunatic connaissent eux aussi un certain succès.
C'est au milieu des années 1980 que l'Italo disco se popularise dans toute l'Europe, avec notamment Gazebo, Den Harrow, Raf et Righeira. C'est à ce moment-là que de nouveaux labels voient le jour et que naissent les premiers vidéoclips. L'Italo disco est particulièrement populaire en Allemagne et Raf devient l'un des artistes italiens les plus passés dans les boîtes de nuit du pays grâce à sa chanson Self Control. Le genre rencontre également le succès en Espagne, au Portugal, en Suisse, aux Pays-Bas, en Autriche, au Danemark, en Suède et en Yougoslavie. L'Italo disco se fait même connaître en Russie, pays très fermé par rapport au reste de l'Europe.
Le nombre de chansons italiennes chantées en italien diminue nettement et des labels comme Baby Records décident de promouvoir des chansons avec des paroles en anglais. Les tubes les plus représentatifs de l'Italo disco sont produits en Italie, dans des villes telles que Milan, Rimini ou Rome. À Milan, les chansons sont pressées puis distribuées par la maison de disques Discomagic. D'autres tubes proviennent des Pays-Bas, d'Allemagne ou d'Autriche. En Espagne, le genre est popularisé par l'intermédiaire du label Blanco y Negro. Entre 1984 et 1988, des labels italiens tels que Discomagic ou Time publient de nombreux titres en petite quantité, créant ainsi un engouement pour le genre, où les disques sont très rapidement remplacés par d'autres productions similaires.
Les disques deviennent des objets de mode et leur pochette devient le moyen le plus efficace pour attirer les clients. L'Italo disco sert aussi de moyen de promotion à des femmes sans talent artistique particulier comme Alba Parietti, Angela Cavagna, Nadia Cassini et surtout Sabrina Salerno. Toutes ont à un moment ou un autre véhiculé l'image d'une « brunette italienne sexy, tout en courbes et aux lèvres pulpeuses » à l'étranger.
En France, le succès de l'Italo disco est représenté par Baltimora, Den Harrow, Gazebo, P. Lion et Valerie Dore. Pino D'Angiò y vend plus de deux millions de disques.Dream de P. Lion devient le générique du Top 50 à partir de .
Au fil du temps, l'Italo disco évolue vers des sonorités plus proches de la dance-pop, comme c'est le cas pour Call Me de Spagna (1985) ou Boys de Sabrina (1987). Spagna écrit et chante sur d'autres chansons d'Italo disco au début des années 1980, avant de lancer sa propre carrière solo. Influencée par Madonna au niveau de sa tenue vestimentaire, elle lance Easy Lady, l'un des tubes les plus dansés en Italie en 1986. Easy Lady se vend à 1,5 million d'exemplaires à travers l'Europe. Call Me devient à son tour un tube européen l'année suivante, avec des ventes estimées à 1,4 million d'exemplaires en
La musique électronique italienne commence à baisser en popularité vers 1987. Le genre décline à mesure que les artistes d'Italo disco commencent à expérimenter avec des beats plus durs et les sons de la house, qui finira par supplanter le genre. À la fin des années 1980, l'Italo disco évolue vers l'Italo house, beaucoup plus rapide et aux sonorités électroniques plus marquées, avec un côté souvent plus pop. La popularité de l'Italo house et du hip-hop italien entraîne le déclin de l'Italo disco, qui disparaît vers 1989. L'Italo disco donne aussi naissance à l'Italo dance et est un précurseur de l'Eurodance des années 1990.
Le genre a influencé de nombreux artistes des années 1990, parmi lesquels 2 Unlimited, Ace of Base, Corona, Culture Beat, Dr. Alban ou Haddaway futurs stars de l'Eurodance. En Italie, le genre influence les tubes de Gigi D'Agostino et d'Eiffel 65 . Jusque dans les années 1993-1994, des artistes tels que Savage et Ric Fellini restent toujours actifs et continuent de sortir des chansons chez des labels tels que Time. Après le déclin de l'Italo disco en Europe, des producteurs allemands et italiens modifient le son du genre pour l'adapter au marché musical japonais. Le genre dérivé de l'Italo disco ainsi obtenu, l'Eurobeat, connaît un immense succès au Japon. Les imports de disques d'Italo disco en provenance d'Europe contribuent en partie au développement d'une danse synchronisée appelée le Para Para.
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